Inauguration square Louise Michel
Amis, citoyens et camarades,
Je vous apporte le salut fraternel de la Fédération Départementale de la Libre Pensée et de l’Association Laïque Pour la Mémoire Républicaine dans les Bouches du Rhône, association crée sous l’égide de la Libre Pensée et qui regroupe ceux, qui souhaitent agir pour la défense et la promotion des monuments et lieux de mémoire liés aux idéaux républicains dans le département.
C’est toujours une grande joie pour nous libres penseurs d’être aux côtés de l’association des « Amis de la Commune de Paris de 1871 » avec laquelle nous avons tant de choses en commun.
Nous vous remercions pour l’invitation que vous nous avez faite. et souhaitons dire notre satisfaction de voir se concrétiser enfin notre objectif commun d’une place pour honorer Louise Michel, et pour rappeler les combats qui furent les siens.
Nous vivons une période qui voit partout les régimes politiques armer leurs bras contre les acquis sociaux, faisant reculer les droits des peuples, portant partout, la guerre, la peur, et la misère.
Un lieu pour rendre hommage à la combattante pour l’émancipation du genre humain qu’elle fut, contre l’oppression économique, sociale politique et religieuse, prend une dimension particulière.
Louise Michel, c’est le combat pour la République dont elle disait, rejoignant en cela Jean Jaurès, qu’elle la voulait, sociale et égalitaire. Et les combats qu’elle mena avant, pendant et après la Commune tendirent vers cela.
Ainsi, toute sa vie elle s’applique à combattre l’ignorance les préjugés et la misère.
Elle milite pour une éducation républicaine, mixte, moderne, débarrassée des dogmes des différences d’enseignement selon le sexe. Devenue institutrice, elle doit renoncer àl’enseignement public parce qu’il exige le serment à l’Empereur et la prière dominicale en hommage à celui-ci. Elle ouvre alors ses propres écoles libres où un enseignement vivant aborde tous les aspects de la connaissance, et où l’on chante la Marseillaise et le chant du départ.
Pour elle, « la tâche des instituteurs ces obscurs soldats de la civilisation, est de donner au peuple les moyens intellectuels de se révolter ».
Elle milite au sein d’organisations féminines, qui mettent la priorité sur l’instruction des filles ; ou encore luttent pour l’emploi des femmes, afin qu’elles échappent à la prostitution.
Durant la commune de Paris, elle signe un appel vibrant pour (je cite) « que des écoles professionnelles et orphelinats laïques soient immédiatement établis en place des écoles et orphelinats des Ignorantins afin que nos fils n’aillent plus en troupeau aux boucheries des rois et nos filles ne servent plus de pâtures aux passions. Nous voulons que tous aient l’instruction et un état, que les champs ne soient plus engraissés de sang, ni la boue des trottoirs pleine de prostituées afin que le peuple libre acclame à jamais la République universelle. ».
Elle milite pour la séparation de l’Église et de l’État, et la confiscation des biens du clergé, dont elle déclarera lors de son procès, que ces biens devaient servir à améliorer la condition du peuple.
Déportée, en nouvelle Calédonie, elle poursuit son travail au service de la connaissance. On lui reprochera son enseignement qui aborde l’humanité, la justice et l’émancipation.
À son retour de déportation, elle parcourt le pays, soutien les ouvriers en grève, multiplie les réunions publiques, les conférences, milite pour l’acquisition des droits civils pour les femmes, l’instruction égale, l’égalité entre les hommes et les femmes contre l’inégalité « fléau qui divise ».
Jusqu’au bout, Louise Michel combat pour la fraternité contre l’État oppresseur et l’Église complice, pour la République sociale.
Dans sa dernière conférence elle déclare : « l’humanité de demain, élevée avec des mappemondes, des télescopes, des microscopes, pour remplacer les croix, chez qui le mysticisme endormeur aura évolué en amour de l’inconnu, des arts, des découvertes, fera la légende future. Mais le temps où tous seront conscients est loin, peut-être encore, et la lutte pour le conquérir sera rude. »
Amis, citoyens et camarades
La Séparation des Églises et de l’État est en grand danger. Le monarque qui dirige notre pays, a déclaré vouloir « réparer » ce qu’il nomme « le lien abimé » entre l’Église catholique et l’État. Il appelle à une nouvelle alliance du sabre et du goupillon. Dans la corbeille de la mariée il y a les milliards versés chaque année à l’Église au moyen de la loi Debré auxquels vont s’ajouter ceux engendrés par l’obligation scolaire à 3 ans pour financer le fonctionnement et les enseignants des écoles maternelles privée et préparer un nouveau concordat.
Peut-on envisager la république sociale sans Séparation des cultes et de l’État, sans instruction publique laïque ?
La Libre Pensée appelle tous les laïques à se regrouper contre ces menées cléricales anti-républicaines. Elle organise partout en France les 8 et 9 décembre des rassemblements devant les préfectures pour la défense de la loi de 1905 c’est-à-dire la liberté de conscience.
Ce faisant nous avons conscience de nous inscrire dans la lignée de la Commune de Paris de 1871 qui proclamait la seconde Séparation des Cultes et de l’État. Séparation qui fut noyée dans le sang du peuple lors de la « semaine sanglante ».
Les Versaillais d’aujourd’hui sont à l’œuvre mais ils n’ont pas fini d’entendre dans leurs pires cauchemars le vieux cri de ralliement du peuple en révolte :
Ni Dieu Ni maitre, à bas la calotte et vive la Sociale !