Conférence: Pourquoi la conquête de l’École publique laïque n’est-elle jamais acquise ? Une évocation des grandes figures de son histoire.
Dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine 2024 : l’école remonte le temps.
Samedi 21 septembre 2024 14h30
Médiathèque « La Passerelle »
1 place de la liberté Avenue des Salyens VITROLLES.
Sans la Révolution française, il n’y aurait pas eu d’Ecole laïque. Rappelons qu’en 1757, une trentaine d’années auparavant, une « déclaration royale » pouvait stipuler : « Tous ceux qui seront convaincus d’avoir composé, fait composer et imprimer des écrits tendant à attaquer la religion, à émouvoir les esprits, à porter atteinte à notre autorité et à troubler l’ordre et la tranquillité des Etats, seront punis de mort. » Pendant ce temps, la cour de Versailles – que regrette tant Stéphane Bern et ses amis – pouvait s’amuser.
Sans Voltaire, sans Diderot, sans Rousseau, sans les Lumières, il n’y aurait pas eu tous les projets d’Instruction publique de la Révolution française de Le Peletier de Saint Fargeau, de Condorcet, de Lakanal et d’autres révolutionnaires. La guerre déclenchée par les Girondins aboutit à mettre le pays en état de siège face à tous les rois d’Europe. Ces projets restèrent lettre morte. Mais Ils persistaient dans la conscience collective.
Après la trahison de Bonaparte, après la Restauration et le désastre du règne de « Napoléon le petit », la Commune de Paris a repris le flambeau en instituant l’Ecole publique, laïque, gratuite et obligatoire qui, lors de la Semaine sanglante, sombra sous les décombres des Versaillais. La Commune dont les élus du IVème arrondissement déclaraient : « Seule, l’instruction – qui est un droit absolu pour l’enfant – le rend devenu homme, réellement responsable de ses actes envers ses semblables… »
Le Pape Léon XIII, l’auteur de l’encyclique Rerum novarum, qui a défini les bases des régimes totalitaires des années 30, condamne en 1888, la liberté de l’enseignement, au nom de la « vérité » contre les « fausses conceptions ». La bourgeoisie arrivée au pouvoir de la IIIème république doit se défendre face au cléricalisme. Jules Ferry en 1880 annonce aux instituteurs que le « droit de bourgeoisie dans cette grand Université de France » leur est reconnue. Ferdinand Buisson, quant à lui, écrira en 1909 que l’instituteur de l’Ecole laïque instituée par la République « a « appris le mot prolétariat et il l’emploie », « il lui arrive, dit-il, de prendre parti (…) pour l’ouvrier contre le patron. »
Le décor est planté pour des décennies de lutte pour l’École publique laïque.
François Chaintron, ancien directeur de la revue Laïcité, syndicaliste confédéré dans l’enseignement, professeur d’enseignement général de collège retraité.