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vendredi 7 novembre 2025
par  lacarpe13016

Impertinent N°143

Editorial

La fin octobre à Marseille a été marquée par l’affaire dite de « l’interdiction du Sacré Cœur ». Que s’est-il réellement passé ?

Acte 1 : annulation, appel, suspension

Le mercredi 22/10, une heure avant la projection, le maire, Benoit Payan, annonce sa décision annulant la représentation à la Buzine, cinéma municipal en régie directe, du film « sacré cœur », prévue par un contrat conclu antérieurement. Selon Benoît Payan « le service juridique a fait pression pour l’interdiction » afin de respecter la loi de 1905 de Séparation des cultes et de l’État.

Jeudi 23, le diocèse publie un communiqué qui « rappelle que le film reste à l’affiche du Pathé Madeleine chaque jour  ». Ce qui n’est pas exactement une opposition virulente à la décision de Payan.

Vendredi 24 et samedi 25, Le Sénateur Ravier (Ext D) et les auteurs du film déposent un recours en référé au Tribunal Administratif de Marseille,

Dimanche 26 le mémoire en défense de la Ville est déposé au TA. Ce même jour ce dernier conclut à la suspension de la décision du Maire et l‘enjoint d’autoriser la projection du film jusqu’au 28/10 conformément au contrat.

Acte 2 : pas d’appel, des excuses et une promesse

Ce même 26, le maire annonce qu’il ne fera pas appel de la décision du TA (la « pression du service juridique » se sera sans doute brusquement relâchée).

Lundi 27 le réalisateur du film fait son « maxima mea culpa » sur Facebook, il s’excuse « d’avoir appelé au soulèvement, à la colère, à la révolte ». Payan lui promet de venir voir le film le mardi 28 (source la Provence). Nous ignorons s’il l’a fait.

La messe était dite 5 jours après l’annonce qui a déclenché l’affaire. Payan n’est pas toujours aussi prompt à défendre la laïcité. Lorsqu’il s’y emploie, il livre en définitive une petite victoire à l’extrême droite locale.

Quelques rappels utiles :

- Payan est le principal promoteur de la venue du pape François à Marseille, en partie sur fonds publics. Ce même François qui assimilait les médecins pratiquant l’IVG à « des tueurs à gage ».

- Il est aussi le maire qui a mis à la charge du budget municipal une partie des travaux de ND de la Garde, en application de la loi du 24 décembre 1942 de l’ex-maréchal Pétain, collaborateur, xénophobe et antisémite.

- Il est également le maire qui au côté du cardinal Aveline ne manque pas une bénédiction des navettes ou de n’importe quoi d’autre, devant la presse avec photos et déclarations officielles.

- C’est sous sa majorité municipale que la Ville défendit au TA le sénateur Ravier et sa nièce, maire de secteur à l’époque de la municipalité Gaudin, contre un recours déposé par la LP13 d’ailleurs.

L’avis de la LP sur l’aspect juridique de l’affaire :

Que ce soit un film religieux, catholique, à visée prosélyte ne fait aucun doute. Qu’il soit diffusé par un cinéma municipal, par suite d’un contrat conclu avec ses diffuseurs, suscite l’exaspération des militants de la laïcité[i]. Ça se comprend.

Pour autant, la décision d’un maire d’annuler la projection d’un film est une question qui relève du Droit administratif. Elle doit être motivée juridiquement.

La diffusion d’un film, même d’inspiration religieuse, reste une activité culturelle et non cultuelle.

La circonstance que la projection était prévue dans un cinéma exploité en régie directe par la commune de Marseille est sans incidence sur la distinction à opérer. Sinon, la représentation, par exemple, du « Soulier de satin » de Paul Claudel ne pourrait avoir lieu dans aucun théâtre municipal

En l’espèce, le film a obtenu le visa préalable à toute projection.

Le maire n’invoque aucun risque de trouble à l’ordre public de nature à justifier une interdiction (voir CE, 18 décembre 1959, Société Les films Lutétia, n° 36385 et 36428)

 En conclusion :

Les « figures de la Droite et de l’Extrême-Droite marseillaises » ont cherché à utiliser l’affaire pour accréditer l’idée que la laïcité ce serait la répression de la religion.

Ce n’est pas le cas, « la République assure la liberté de conscience et garantit le libre exercice des cultes » ce qui implique la Séparation des Cultes et de l’État. C’est-à-dire que « la République ne reconnait, ne salarie, ne subventionne aucun culte ». (Loi de 1905 dans ses articles 1et 2). Principe que ces « figures » enfreignent systématiquement.

L’opposition irréductible au cléricalisme ne conduit pas sur la pente des interdictions pour délit d’opinion. « Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses » (Déclaration des Droits de l’homme et du Citoyen de 1789).

Ce qui n’oblige nullement un maire à passer des contrats de projection d’un film et encore moins à y assister.

Henri Huille

Acces journal

 

[i] Gageons que si un libre penseur exaspéré avait appelé au soulèvement et à la révolte il aurait pu avoir des difficultés. Au minimum on en aurait entendu des tonnes sur les chaines « d’informations ».


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