la LP sur radio galère le 7 mai 2025, concernant les actions contre la guerre en Israel.

« La FDLP13 a le plaisir de porter à votre connaissance le texte de l’intervention de Michel Garin dans le cadre du temps d’antenne de la LP sur radio galère le 7 mai 2025.

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Malgré l’indignation mondiale contre le blocus humanitaire et les appels à un cessez-le-feu durable. Le dimanche 4 mai, le chef de l’armée israélienne Eyal Zamir annonçait son intention de mobiliser des dizaines de milliers de réservistes.

Ces déclarations précédaient une réunion du conseil de sécurité de Benjamin Netanyahu, qui a approuvé un nouveau plan d’expansion de la campagne militaire en cours à Gaza depuis maintenant 576 jours.

Dans cette campagne génocidaire, Israël a déjà assassiné plus de 52 567 Palestinien·nes et en a blessé 118 610 autres.

Ces mesures sont annoncées alors que ce samedi 3 mai, de nombreux Israéliens manifestaient, comme chaque semaine, pour demander à ce que tout soit fait pour libérer les otages toujours retenus dans l’enclave. Parmi eux se trouvaient aussi quelques centaines d’hommes et de femmes venus se recueillir en silence, des photos d’enfants gazaouis à la main.

Parmi les manifestants, un jeune homme demande à prendre la parole. Il dit avoir 18 ans : « J’espère qu’un jour, je vivrai en paix avec mes voisins. J’aimerais qu’on ait, un jour, un seul pays pour tous, où l’on puisse vivre en paix : juifs, musulmans et chrétiens. J’ai choisi de ne pas servir dans l’armée, parce qu’aller à l’armée, ça voudrait dire, selon moi, être en situation de devoir tuer des bébés ».

Mobiliser des dizaines de milliers de réservistes ? quand est-il vraiment

Plus de 100 000 Israéliens auraient cessé de se présenter au service de réserve. Si les raisons diffèrent, l’ampleur de la crise témoigne de l’affaiblissement de la légitimité de la guerre. 

Personne n’est en mesure de donner des chiffres précis. Aucun parti ou dirigeant politique ne le demande explicitement. Mais c’est vrai : il est de plus en plus légitime de refuser de se présenter au service militaire en Israël – et pas seulement au sein de la gauche radicale. 

Dans la période qui a précédé la guerre, le refus – ou plus précisément le fait de « cesser de se porter volontaire » pour les réserves – est devenu une caractéristique importante des manifestations de masse contre la réforme judiciaire du gouvernement israélien.

Au plus fort de ces manifestations, en juillet 2023, plus de 1 000 pilotes et membres de l’armée de l’air ont déclaré qu’ils cesseraient de se présenter au travail si la législation n’était pas abandonnée.

La droite israélienne continue jusqu’aujourd’hui d’affirmer que ces menaces de refus ont non seulement encouragé le Hamas à attaquer Israël, mais qu’elles ont également affaibli l’armée. Ces menaces ont disparu dans l’éther le 7 octobre, les manifestants se portant massivement volontaires pour s’enrôler. 

Pendant 18 mois, la grande majorité de la population juive d’Israël s’est ralliée au drapeau pour soutenir l’assaut contre Gaza. Toutefois, des fissures ont commencé à apparaître, en particulier depuis que le gouvernement a décidé de rompre le cessez-le-feu le mois dernier.  

Ces dernières semaines, les médias ont fait état d’une baisse significative du nombre de soldats se présentant au service de réserve. L’armée a informé le ministre de la Défense Israël Katz à la mi-mars que le taux de participation s’élevait à 80 %, contre environ 120 % immédiatement après le 7 octobre. Selon Kan, le radiodiffuseur national israélien, ce chiffre a été falsifié : le taux réel est plus proche de 60 %. D’autres rapports font état d’un taux de participation de 50 % voire moins, certaines unités de réserve essayant de recruter des soldats par le biais des réseaux sociaux. 

 « Le refus se fait par vagues, et celle-ci est la plus importante depuis la première guerre du Liban en 1982 », a déclaré Ishai Menuchin, l’un des dirigeants du mouvement de refus Yesh Gvul (Il y a une limite), qui a été fondé pendant cette guerre. « Cela signifie que le gouvernement aura des difficultés à poursuivre la guerre ».

La majorité de celles et ceux qui défient les ordres d’enrôlement semble être ce que l’on appelle des « réfractaires gris », c’est-à-dire des personnes qui n’ont pas d’objection idéologique réelle à la guerre, mais qui sont plutôt démoralisées, fatiguées ou lassées qu’elle dure depuis si longtemps. À côté d’elles, une petite minorité de réservistes, qui ne cesse de croître, refuse de s’engager pour des raisons éthiques.

Beaucoup d’adolescents refusent l’enrôlement obligatoire pour des raisons idéologiques et sont passibles de peines de prison de plusieurs mois.  

 La semaine dernière, Ella Keidar Greenberg, 18 ans, a été condamnée à une première peine de 30 jours dans une prison militaire israélienne pour avoir refusé de s’enrôler dans l’armée. Première objectrice de conscience ouvertement transgenre depuis une décennie, Keidar Greenberg a déclaré son refus au centre de recrutement militaire de Tel Hashomer, près de Tel Aviv, le 19 mars, exprimant son opposition idéologique à l’occupation et à l’assaut israélien sur Gaza. Elle était accompagnée de militants du réseau Mesarvot refuser et de la Ligue des jeunes communistes (connue sous l’acronyme hébreu « Banki »), qui ont organisé une manifestation de solidarité près de l’entrée de la base.

« Ils ont peur de mettre les réfractaires en prison, car cela pourrait enterrer le modèle de l’armée populaire », explique- Ishai Menuchin, « Le gouvernement le comprend et n’insiste donc pas trop ; il se contente de renvoyer quelques réservistes de l’armée, comme si cela allait résoudre le problème ». 

 « Pendant la guerre du Liban, nous avons estimé que pour chaque réfractaire qui allait en prison, il y avait huit à dix autres réfractaires idéologiques », explique-t-il. « Ainsi, si 150 ou 160 personnes ont déclaré qu’elles n’iraient pas à l’armée pour des raisons idéologiques, il est raisonnable d’estimer qu’il y a au moins 1 500 réfractaires idéologiques. Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg [étant donné le nombre bien plus important de réfractaires non idéologiques] ». 

Cependant, selon Yuval Green – qui a refusé de poursuivre son service à Gaza après avoir désobéi à l’ordre de mettre le feu à une maison palestinienne, et qui dirige aujourd’hui un mouvement antiguerre appelé « Soldats pour les otages », dont 220 réservistes ont signé la déclaration de refus – cette catégorisation binaire ne dit pas tout.

« Il y a de plus en plus de gens qui ne se soucient pas nécessairement des Palestiniens, mais qui ne se sentent plus en paix avec les objectifs de la guerre », explique-t-il. C’est ce que j’on appelle le « refus idéologique gris ».

Les exemples récents abondent. La semaine dernière, Haaretz a publié une tribune de la mère d’un soldat qui déclarait : « Nos enfants ne se battront pas dans une guerre messianique de choix ». Un autre article d’opinion publié dans le même journal par un soldat anonyme déclarait : « La guerre actuelle à Gaza vise à acheter la stabilité politique avec du sang. Je n’y participerai pas ». 

Dans une interview récente, l’ancien juge de la Cour suprême, Ayala Procaccia, n’a pas approuvé le refus de s’enrôler, mais a appelé à la « désobéissance civile ».

 Le 10 avril, près de 1 000 réservistes de l’armée de l’air ont publié une lettre ouverte exigeant un accord sur les otages qui mettrait fin à la guerre ; ils ont rapidement été rejoints par des centaines de réservistes de la marine et de l’unité 8200, l’unité d’élite des services de renseignement.

En ce qui concerne le refus idéologique, plusieurs catégories. Un type de refus découle de « ce que j’ai vu à Gaza », mais il s’agit d’une minorité. Un autre type de refus est la perte de confiance dans les dirigeants.

Une autre catégorie est le « dégoût pour le discours du sacrifice » promu par l’extrême droite religieuse. Il s’agit d’une sorte de réaction contre le discours des colons qui dit qu’il est bon de sacrifier sa vie pour quelque chose de plus grand. 

Tout en notant que les menaces de refus représentaient déjà une part importante des protestations antigouvernementales de 2023, maintenant, après l’effondrement du cessez-le-feu, on peut dire que l’ensemble du mouvement de protestation s’oppose à la poursuite de la guerre au motif qu’il s’agit de la guerre de M. Netanyahou.

En 1973, ils se disaient que Golda [Meir] était incompétente, qu’elle faisait des erreurs, mais personne ne doutait de sa loyauté. Pendant la première guerre du Liban, des doutes ont été émis quant à la loyauté d’Ariel Sharon et de Menachem Begin, mais c’était marginal. Aujourd’hui, les gens sont convaincus que Netanyahou est prêt à détruire l’État pour son profit personnel. 

Le gouvernement d’Israël est en train de renforcer sa police de la dissidence, en utilisant la couverture de la guerre pour réduire au silence les citoyens palestiniens et les juifs de gauche qui s’opposent à ses politiques.

M.Garin.

Nota ; beaucoup de ces infos sont issues entre autres du magazine indépendant +972 créé en août 2010 par un groupe de journalistes établis en Israël et en Palestine. Il comprend aussi des journalistes nord-américains.