Contre l’école Publique Laïque, contre la Laïcité, La Loi Debré : Instrument de la Reconquista de l’Enseignement Catholique
Le samedi 7 décembre la Libre Pensée, Groupe Victor Hugo-93 a eu le plaisir d’accueillir Jacques Fassié syndicaliste, enseignant, qui nous livré une analyse de la situation du financement et du rôle qu’occupe l’enseignement catholique dans notre pays.
Si tout le monde se dit maintenant laïque, d’aucuns instrumentalisant la laïcité, avec un déchainement d’outrances et d’indignités quand, par exemple, une mère d’élève accompagnant une sortie scolaire porte un foulard, les violations de la loi de 1905 par l’Etat sont pour le moins passées sous silence voire présentées comme juridiquement normales. Savez-vous que vos impôts ont financé en 2019 pour plus de 12 milliards d’euros « une école au service du projet de Dieu » ? Ce système d’enseignement est totalement inféodé aux évêques et aux congrégations, c’est une institution de l’Eglise catholique au service de ses buts doctrinaux et temporels. L’Ecole catholique n’est pas une école, encore moins une « école libre » comme le démontrera le conférencier.
La loi de 1905 doit être appliquée, les fonds publics doivent être réservés à la seule Ecole publique, respectueuse des consciences parce que laïque.
Cher amis de la libre pensée, vous n’ignorez pas que, depuis plusieurs années, nous assistons à des attaques répétitives contre l’école de la république venant de toutes parts, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de la réformer sans jamais remettre en cause le principe du financement des écoles privées et en particulier celui de l’école privée confessionnelle qui n’a pas grand-chose à voir, vous en conviendrez, avec le principe de séparation des églises et de l’état pour lequel les Libres Penseurs se sont tant battus avec d’autres afin d’ériger (Et de défendre ) au cœur de la république la loi de 1905 pour que les fonds publics soient alloués exclusivement à l’école publique seule capable de respecter pleinement les conscience, justement parce que laïque, mais depuis les choses ont bien évolué…
Dernièrement et de manière ostentatoire, la loi Blanquer a bien porté une nouvelle attaque contre la laïcité et contre nos communes, ce dispositif supplémentaire permettant un nouveau détournement d’argent public en faveur des établissements privés à 95% confessionnels (école maternelles), bafouant, au mépris des principes républicains, la loi de 1905.
Lorsqu’on se dit être une République Laïque, que penser du concordat d’Alsace-Moselle, jamais abrogé et qui fait endosser aux citoyens de la République le salaire des pasteurs, rabbins et des prêtres ? Que devons-nous penser du financement public des écoles privées confessionnelles ?
Que nous laisse augurer le discours du Président Macron au collège des Bernardins le lundi 9 avril 2019 lorsqu’il déclare vouloir « réparer le lien entre l’Eglise et l’Etat » ?
Cette expression ne remet-elle pas radicalement en cause le rôle de l’Etat au sein de la République laïque fondée sur la loi de 1905 ?
Notre ami Jacques a démontré tout au long de son plaidoyer en faveur de l’école de la République que depuis 1959, par le levier de la Loi Debré, nous assistons à un véritable Reconquista de l’école Catholique Chrétienne discrètement financée par les pouvoirs publics permettant à des associations de faire vivre une école parallèle basée sur le principe de la foi religieuse, ainsi pour chaque école il suffit de financer une association, ceci n’a rien d’anti laïque au sens de la loi et pourtant… Le sens de la loi de 1905 est foulé au pied par celle et ceux qui rendent possible cette mascarade. Un financement qui pèse son poids; selon l’étude statistique menée par le R.E.R.S (Repères et références statistiques) de 2016 et reprise par le site du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et de l’innovation, et publiée sur leur site, indique le chiffre de 8 milliards 323 millions de l’Etat (Ministère de l’Éducation Nationale et d’autres ministères), 5 milliards 15 millions d’euros des collectivités territoriales (« Voir nos élus »), 744 millions d’autres administrations que l’Éducation Nationale soit un financement public direct de 82 millions d’euros au moment où dans l’école Publique nous avons gelé les salaires des enseignants et diminuées le nombre d’heures de cours en lycée par exemple.
C’est par le travail de recherche conduit par Jacques Fassié et la publication de son livret « A propos de l’Enseignement Catholique en France » que nous mesurons le recul réalisé depuis la promulgation de la loi Debré et de tous ceux qui lui ont succédé dans cette entreprise de destruction du principe fondateur de l’Ecole laïque Républicaine.
Quand on apprend qu’au-delà de la question du financement c’est toute une doctrine sociale d’éducation qui est dispensé et piloté en direct par l’appareil Clérical qui entreprend là une œuvre de dieu, on est en droit de s’interroger sur le rôle de l’Etat. La liberté de l’enseignement suppose-t-elle que l’Etat doit tout financer Devons-nous penser qu’au motif que nous soyons tous des démocrates nous devrions instrumentaliser la Laïcité ? Comment comprendre que l’Etat finance un enseignement qui sur son principe sépare les enfants ?
Si on adhère au triptyque Républicain (Liberté, Egalité, Fraternité) est-ce acceptable de financer un modèle de formation qui s’appuie sur le principe de l’enseignement du fait religieux ? Quand on sait que dans ce dernier, l’évêque et son dieu occupent une place centrale au frais du contribuable ! Qu’il y ait des écoles privées confessionnelles, après tout dans une société démocratique, quoi de plus normal ? En revanche que l’Etat les finance pour qu’elles apportent au peuple la parole divine …
J’ai dans la bouche comme un goût de déjà lu dans les livres ! Pas vous ?
Eric Zunino