Metting laïque à Japy : un événnement qui fera date !

Le meeting national laïque a été ouvert par Jean-Sébastien Pierre, Président de la Libre Pensée, qui a déclaré :

Mesdames, messieurs, chers amis, chers camarades,

Au nom de toutes les victimes de la barbarie d’hier et d’aujourd’hui

Au nom de toutes les victimes des attentats barbares à travers le monde, de Paris à Madrid, de Beyrouth à Tunis

Au nom de toutes les victimes des actes de guerre d’hier et d’aujourd’hui

Je vous demande de vous lever et d’observer une minute de silence.

La salle debout a rendu hommage aux victimes

Puis, le Président de la Libre Pensée a poursuivi

Chers amis, chers camarades,

En ouvrant ce meeting, je voudrais remercier vivement Force Ouvrière et particulièrement son Union départementale de Paris, qui nous a considérablement aidé pour réussir matériellement ce meeting, dans des conditions précipitées.

En effet, il est des manifestations publiques qui sont interdites, et d’autres qui sont autorisées. Sans doute, tout ceci n’est qu’une question de proximité avec le Pouvoir.

Depuis Jean de la Fontaine, il n’y a rien de vraiment bien nouveau sous le soleil : « Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »

Alors, merci encore et toujours à Gabriel Gaudy, Secrétaire général de FO Paris qui nous a permis de nous réunir cet après-midi. Et merci aussi à la Ville de Paris qui a attribué cette salle si chargée d’histoire.

Nous publierons tout au long du cour de la semaine les discours qui ont été prononcés.

Aujourd’hui, nous livrons celui de Philippe Guglielmi, Président d’Honneur de Laïcité-Liberté et de Christian Eyschen, porte-parole de l’Association internationale de la Libre Pensée

Discours de Philippe GUGLIELMI, Président d’Honneur de Laïcité-Liberté, au grand meeting national laïque de la Libre Pensée le 5 décembre 2015

Chers camarades chers amis.

Au nom de l’association Laïcité Liberté, je veux remercier pour leur invitation le Président de la Libre Pensée Jean-Sébastien Pierre et mes amis Christian Eyschen et David Gozlan.

Je suis heureux de participer à ce meeting de militants laïques ou vous êtes venus très nombreux. Il s’agit sans doute du rassemblement le plus important pour faire la promotion du 110e anniversaire de la loi de 1905.

Dans le bonheur de ce jour, j’ai ressenti de la tristesse lorsque le nom de Marc Blondel a été évoqué. Marc avec lequel Christian Eyschen moi-même avons partagé de nombreux combats exerçait un véritable magistère sur son temps. Je veux lui dédier le propos de ce jour, j’espère que je ne l’aurais pas déçu.

J’interviendrai sur deux points, sans jeu de mots, je vous dispense du troisième. Je veux vous parler de la collusion des hiérarques religieux, puis des atteintes faites par l’école privée à notre école publique laïque et gratuite.

Lorsque je parle d’hiérarques religieux, j’emploie volontairement le pluriel, car je ne vais pas désigner une religion en particulier. Ces responsables de cultes ont souvent en France, cause commune, et il n’y a pas une soirée parisienne huppée, où ils n’affichent leur complicité. Le rapprochement des ecclésiastiques que tout oppose, ne serait pas en soi condamnable, s’il s’agissait d’une fraternité vraie. Mais nous pouvons juger que ces messieurs n’ont aucune influence car ailleurs dans le monde leurs adeptes, ceux qui agissent en leur nom selon des préceptes surannés, s’étripent cruellement.

La loi de 1905, nous ne devons pas l’oublier, fut une loi de compromis, que les laïques n’ont jamais voulu retoucher. Les atteintes multiples qui ont été faites à cette loi proviennent uniquement des milieux religieux. L’écrivain journaliste Christian GELEN écrivait dans son ouvrage « les casseurs de la République » : « le Conseil d’État communautarisme la République ». Il s’offusquait que la représentation nationale, les différents gouvernements, les institutions républicaines ne viennent pas en aide aux enseignants qui ne pouvaient se référer à aucun texte pour parer aux atteintes qui étaient faites à la laïcité.

Cela a été dit, l’école privée reçoit chaque année 10 milliards de subventions de l’État. C’est autant qui ne va pas à l’Ecole publique laïque et gratuite qui en aurait bien besoin. Je suis un Elu d’un département populaire, ou parfois les parents font de gros sacrifices pour inscrire leurs enfants dans les écoles privées, souvent confessionnelles. Si ces écoles obtiennent 100 % au baccalauréat, c’est parce qu’elles ne jouent pas le jeu et qu’elles identifient en amont les élèves qui ne pourront pas obtenir ce diplôme. Elles les incitent alors à quitter le miroir aux alouettes qu’est l’école privée.

Les demandes d’interventions sont nombreuses pour les Elus locaux, aux fins de réintégrer ces enfants dans l’école de la République. Cette duperie est inadmissible, elle doit cesser !

J’ai promis d’être court, je le serais en vous disant que mon intervention peut se résumer en un groupe de mots :
« l’argent public à l’Ecole publique, un point c’est tout ! »

Discours de Christian Eyschen le 5 décembre 2015 à Paris

Amis, citoyens, Compagnons, camarades,

Je vous apporte le salut fraternel de l’Association internationale de la Libre Pensée qui a été fondée à Oslo le 10 août 2011 et qui regroupe des associations de libres penseurs, d’athées, de laïques, de rationalistes et d’humanistes de tous les continents.

Nous sommes tous saisis d’effroi par la barbarie qui a sévi dans les rues de Paris. Mais chacun s’interroge : que faut-il faire ? N’y-a-t-il pas exemple à suivre sur ce qui s’est passé en Norvège en août 2011 ? A quelques pas du lieu où allait se tenir le Congrès de fondation de l’Association internationale de la Libre Pensée à Oslo, un chrétien d’extrême-droite a assassiné des dizaines de personnes. Au lieu de s’enfermer dans une logique de répression, la Norvège n’a cédé aucune de ses libertés, les a maintenu toutes et a refusé énergiquement de céder à la haine. Le peuple uni ne sera jamais vaincu.

Le drame que nous avons connu n’est pas un cas unique. La trace sanglante de la barbarie a ravagé bien des pays. Et malheureusement, dans ce monde qui sent la poudre, la guerre et l’oppression sur tous les continents, cela risque de continuer.

Je livre à votre réflexion ce que disait, avec lucidité, Robert Bowman, vétéran de la guerre du Vietnam comme pilote de bombardiers avec 101 missions à son actif, en 2008, au moment des attentats contre les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya : « Nous ne sommes pas haïs parce que nous pratiquons la démocratie, aimons la liberté ou défendons les droits de l’Homme. Nous sommes détestés parce que notre gouvernement refuse tout cela aux pays du Tiers-Monde dont les ressources naturelles sont convoitées par nos multinationales.

Cette haine que nous avons semée est revenue nous hanter sous la forme du terrorisme… Au lieu d’envoyer nos fils et nos filles à travers le monde pour tuer des Arabes afin que nous puissions nous emparer du pétrole qui dort sous les sables de leurs déserts, nous devrions les y envoyer pour les aider à reconstruire leurs infrastructures, leur fournir de l’eau potable et nourrir leurs enfants affamés (…) En bref, nous devrions faire le bien au lieu du mal.

Qui voudrait nous en empêcher ? Qui pourrait nous haïr pour cela ? Qui voudrait nous bombarder ? C’est cette vérité-là que le peuple américain devrait entendre. »

Il y a là véritablement de quoi réfléchir. Nous ne sommes pas si loin de ce qui nous occupe dans ce meeting.

Dans tous les pays où elle est présente, la Libre Pensée agit pour l’absolue liberté de conscience qui ne peut être établie que par la Séparation des Eglises et de l’Etat, des religions et des gouvernements.

C’est ce que nous défendons en France, c’est ce que nous exigeons partout dans le monde.

Le respect de l’absolue liberté de conscience est une aspiration universelle sur tous les continents. Elle est le début et elle est la fin de toute revendication démocratique. Elle est l’alpha et l’oméga de la bataille laïque.

La Séparation des Eglises et de l’Etat a été conquise aux Etats-Unis d’Amérique, pays protestant, en 1789. Puis au Mexique, pays catholique, en 1874. Et en France, pays de la Renaissance, des Lumières et de la Révolution, en 1795,1871, 1905. En 1918, c’est Lénine qui l’impose en Russie, terre de tradition orthodoxe. En 1937, c’est au tour de la Turquie musulmane de l’établir.

C’était hier, et aujourd’hui me direz-vous ? Dans le Népal bouddhiste, la Séparation est établie en 2008. En Bolivie, qui mélange les cultes païens et le christianisme, elle est établie en 2009. Dans l’Angola en Afrique, pays de l’animisme et du syncrétisme religieux, elle est décidée en 2010.

Quelles que soit leur histoire, la religion dominante, la culture majoritaire, une évidence s’impose : la Séparation des Eglises, des religions, des cultes et de l’Etat est la solution démocratique applicable partout et en toutes circonstances. C’est la liberté conquise et la démocratie établie.

Elle est nationale dans sa forme et internationale dans son contenu. Elle est l’avenir de tous les peuples et de toutes les nations.

La Libre Pensée a toujours combattu, à travers toute son histoire, les religions, les exploiteurs et les militaristes qui sont les pires obstacles à l’émancipation de l’Humanité.

L’Humanité, ce grand fleuve qui vient du passé et qui coule vers l’avenir, cet immense champ de blé dont chaque homme est un épi pensant.

L’émancipation de la conscience humaine passe inéluctablement par l’idée de République, de démocratie et de laïcité qui est la proclamation institutionnalisée de la liberté de conscience. Dans ce combat, l’universalité de la République rejoindra enfin la République universelle. L’un est le principe, l’autre la forme revendiquée du principe.

Et avec la liberté de conscience vient toujours l’exigence de l’Instruction. Le grand Victor Hugo écrivait dans le Poème Océan de La Légende des siècles « La liberté commence où l’ignorance finit ». C’est pourquoi nous défendons avec acharnement l’Ecole publique laïque et républicaine. Etre libre, c’est être instruit.

Les Maîtres du monde nous oppriment et ils veulent rendre ignorants nos enfants.

Nous défendons l’Instruction publique et nos écoles. C’est pourquoi nous exigeons l’abrogation de la loi Debré, loi cléricale, réactionnaire et spoliatrice. Les écoles catholiques sont des œuvres de mission pour le maintien de l’oppression sociale, économique et politique. A contrario, l’Ecole publique laïque est une œuvre d’émancipation.

La Conférence des Evêques catholiques de France vient de publier une déclaration à propos du 110e anniversaire de la loi de 1905. Elle appelle à « en garder l’esprit ». Il est vrai que l’Esprit, surtout s’il est saint, c’est quand même leur fonds de commerce.

Les évêques ont une lecture étonnante du cette loi de Séparation. Ils ont oublié ce que disaient les papes et leurs ainés quand ils la vouaient aux gémonies. L’encyclique Vehementer nos de 1906 n’avait pas les yeux de Chimène pour la laïcité, c’est le moins que l’on puisse dire.

Si l’Eglise parle d’Esprit, elle aime surtout la matière des lois qui, du Régime de Vichy à la Ve République en passant par la IVe, ont profondément démantelé la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat. C’est cette loi, totalement modifiée par Pétain, qu’elle apprécie et non l’originelle, celle des Libres penseurs, de Jaurès et de Buisson.

Les Evêques de 2015 ont bien des points communs avec les Evêques de 1905. Ils sont révulsés encore que « la religion soit une affaire privée ». Ils déclarent : « Cette attitude favorisera l’émergence de courants et d’attitudes fondamentalistes qui pourront s’appuyer sur le sentiment d’être méprisés, rejetés, ignorés ou incitera à se replier sur des formes de vies communautaristes ».

En clair, c’est la laïcité et la Séparation des Eglises et de l’Etat qui sont responsables des affrontements communautaristes. Et pourquoi pas des attentats du 13 novembre, pendant qu’on y ait ? C’est bien un raisonnement de Jésuites. Il ne déplairait pas au premier d‘entre eux qui a fusionné, à travers sa personne, le pape noir et le pape blanc. C’est sans doute pour cela que certains de ses amis le trouvent un peu gris.

Si on appliquait leur raisonnement à la question sociale, cela pourrait donner cela : « Donnons tout ce que veulent les patrons et, on vous le promet, ils ne demanderont plus rien. » Ce n’est même pas sûr.

La solution pour les évêques serait donc le grand retour en force de la religion dans le domaine public, partout, en tout temps et en tous lieux. On le voit bien sur l’affaire des crèches chrétiennes dans les bâtiments de la République.

Mais nous, libres penseurs et beaucoup de laïques avec nous, ne cesseront de le dire avec force : la religion est une affaire privée, la laïcité est une affaire publique. Et la laïcité, c’est la liberté, c’est l’instruction, c’est l’émancipation.

Nous renvoyons l’Eglise catholique à ce que disait un des siens, Charles Péguy : « Le juif sait lire depuis toujours, le protestant depuis Calvin et le catholique depuis Jules Ferry ».

N’oublions pas que Charles de Montalembert, fondateur de la Démocrate-chrétienne qui a perverti bien des associations, des syndicats, des partis dit de « gauche » ou même des associations dites « laïques », lui qui fut l’un des rédacteurs de cette ignominie que fut la loi Falloux de 1850, il fit gravée cette épitaphe sur sa pierre tombale au cimetière de Picpus: « Nous sommes les fils des croisés, nous ne reculerons pas devant les fils de Voltaire. »

Oui, nous sommes les fils de Voltaire, de Diderot, de d’Holbach et d’Helvétius. Et nous ne reculerons pas non plus. La lutte est désormais engagée et nous la mènerons jusqu’à son terme : l’émancipation complète de l’Humanité, débarrassée de la tutelle cléricale, de l’oppression du Capital et de l’étouffoir de la pensée unique aux ordres du Vieux monde.

Et vous tous, fils de Marx et de Bakounine, disciples de Blanqui et de Vallés, héritiers de Jaurés et de Pelloutier, descendants de Makhno et de Kropotkine, enfants de Lénine et de Trotsky, continuateurs d’Andrés Nin et de Durruti, vous tous les laïques qui continuaient l’œuvre de Ferdinand Buisson et de Jean Zay, vous les libres penseurs qui continuaient le combat d’André Lorulot et de Marc Blondel, et vous tous les Enfants de la Veuve et les Fils de la Charte d’Amiens :

ENSEMBLE, OUI TOUS ENSEMBLE
CONTRE LE CLERICALISME !

ENSEMBLE, OUI TOUS ENSEMBLE
POUR LA DEFENSE DE LA LAICITE !

C’est pourquoi, on n’a pas fini d’entendre à nouveau dans ce pays ; dans les villes, les villages et les campagnes ; dans les usines, les bureaux et les chantiers ; dans les écoles, les lycées et les universités en France et dans bien d’autres pays, le mot d’ordre universel des combattants de la liberté humaine :

Ni dieu, Ni maître !
A bas la Calotte !
Et vive la Sociale !

Je vous remercie