Impertinent N°110

« Nous sommes en guerre … » contre qui, contre quoi ?
Dans le cadre de la pandémie du COVID-19, le gouvernement Macron-Philippe a déclaré « nous sommes en guerre … il faut la gagner quoi qu’il en coûte » sans préciser ce jour-là à qui il en couterait. Ils ont instauré l’Etat d’urgence « sanitaire » et fait appel à l’Union Nationale c’est à dire à l’acceptation, par les élus et les représentants des organisations politiques et syndicales, de mesures exceptionnelles contre le Droit du Travail et les libertés démocratiques.
Cette politique n’est pas sans précèdent, loin de là.
Sur le site de Wikipédia on peut lire : « Politique de la peur est une expression qui désigne la politique d’un gouvernement qui utilise la peur collective de la population pour faire adopter des mesures réduisant les libertés individuelles ». Il faudrait rajouter « et visant à liquider les droits sociaux ».
Ainsi dans le cadre de la guerre de 14-18, Alexandre Millerand, ministre, n’hésitera pas à dire le 13 janvier 1915 : « Il n’y a plus de droits ouvriers, plus de lois sociales, il n’y a plus que la guerre ». Guerre qu’il fallait gagner « quoi qu’il en coûte ». C’était l’Union Sacrée. Les patrons firent des profits exceptionnels, les ouvriers et paysans furent tués en masse. Les religieux catholiques en tête, priaient pour la Patrie et bénissaient les bombes et les obus.
Plus près de nous, (bien sûr, on en passe et des meilleures) le gouvernement Hollande-Valls a pris des mesures exceptionnelles dans le cadre de l’état d’urgence pour gagner la « guerre contre le terrorisme » … et ils ont cherché à les utiliser pour interdire les manifestations contre la « Loi-Travail » ! Par la suite, bon nombre de ces dispositions furent intégrées aux lois « normales » limitant les droits des citoyens.
Aujourd’hui en ces temps de confinement, plus ou moins déconfiné, plusieurs voix se lèvent pour réclamer qu’on prolonge les mesures exceptionnelles et qu’on porte le coup de grâce au Code du Travail, dont celle de Madame Pénicaud.
Le Conseil scientifique, dont le gouvernement s’est entouré, a donné des conseils « scientifiques » En particulier celui-ci :
. « … En termes de santé publique, le « soin pastoral » est également essentiel dans toute réponse à une crise épidémique. Le Conseil scientifique recommande de soutenir l’initiative des principaux représentants des communautés religieuses pour la création d’une permanence téléphonique nationale. Cette permanence prendrait la forme d’accompagnement spirituel et bénéficierait d’écoutants sélectionnés, proposés et pris en charge par chacun des cultes … » ?
Les religieux ont applaudi à cette science-là. Comme en 14, ils étaient prêts à bénir les masques et les tests … s’il y en avait eu. En termes de santé publique, le « soin pastoral » et pourquoi pas exorciser les malades et se laver les mains à l’eau bénite pour lutter contre la contagion virale ?
Il va de soi que si des croyants estiment avoir besoin du réconfort d’un religieux de leur confession c’est leur droit. Également, si des religions ouvrent des permanences téléphoniques, c’est leur droit.
Le soin, somatique ou psychologique, l’art médical (mises en œuvre de sciences et techniques) ce sont des savoirs et savoirs faire. Le mélange sciences-croyances c’est le charlatanisme.
Que le sommet de l’Etat se fasse le relai d’initiatives « pastorales », c’est-à-dire religieuses, c’est une pure violation de la laïcité. Qui est plus est en les estampillant de la légitimité de la santé publique et du soin. C’est un élément annonciateur du projet Macron de dénaturation de la loi de Séparation de 1905.
La Fédération de la LP appelle tous les laïques et libres penseurs à la rejoindre et propose à toutes les organisations attachées à la démocratie et la laïcité à se regrouper dans l’action pour le mettre en échec.
Henri Huille