Vidéos du Colloque; De la Révolution du 4 septembre 1870 aux Communes insurrectionnelles de 1871 : La lutte pour la République, mais laquelle ?
27 novembre 2021 – Auditorium de la mairie de secteur Marseille 1/7 61 La Canebière – 13001 Marseille
Vidéos des interventions du colloque
Éliane RICHARD ; « Le patronat marseillais et l’installation de la Troisième République »
Raymond HUARD ; « 1870-1871 Un moment décisif de la conquête républicaine dans le Gard »
Jean Louis ROBERT ; « Autour de la déclaration au peuple français de la Commune de Paris »
Chantal CHAMPET ; « Les libres penseurs marseillais et la République sociale » (1868-1871) »
Bernard REGAUDIAT ; « Le mouvement ouvrier et la République : des relations compliquées »
Jean-Marc SCHIAPPA ; « La liberté de conscience et la République »
Éliane RICHARD, professeur émérite de l’Université de Provence et membre de l’Académie de Marseille
« Le patronat marseillais et l’installation de la Troisième République »
Le rôle de quelques personnalités républicaines (Bosc, L. et A. Fraissinet, Labadié, Velten, …) qui ont joué un rôle actif entre 1870 et 1875 sera mis en évidence mais auparavant seront évoquées brièvement les options politiques du patronat sous le Second Empire, où les républicains sont très minoritaires. Les ralliements ultérieurs de plusieurs patrons au nouveau régime, une fois celui-ci installé, termineront l’exposé.
Raymond HUARD professeur émérite de l’université Paul Valery Montpellier III :
« 1870-1871 Un moment décisif de la conquête républicaine dans le Gard »
La période mouvementée qui de 1870 à 1871 voit la chute de l’Empire et les débuts de la IIIème République est pour le Gard un moment décisif car pour la première fois en juillet 1871, à l’occasion d’élections partielles, la majorité du corps électoral gardois se prononce en faveur des candidats républicains. Notre communication s’efforcera de montrer les origines de cette évolution politique capitale pour l’avenir.
Quelles étaient les forces du mouvement républicain à la veille de la guerre ? Comment celle-ci l’a –t-elle affecté ? Comment les expériences de la fin de 1870 et du début de 1871 (la défaite, une assemblée réactionnaire, la Commune) ont-elles pu infléchir l’opinion gardoise ? Quelles sont les limites de cette première victoire ?
Jean Louis ROBERT, professeur émérite de la Sorbonne, président honoraire des Amies et Amis de la Commune de Paris (1871) :
« Autour de la déclaration au peuple français de la Commune de Paris »
Le 19 avril, la Commune de Paris, s’adressant au Peuple français, exprime les vœux de la révolution. La Commune demande, à l’unanimité, la reconstitution de l’unité du pays sous la forme d’une république fédérale :
« La reconnaissance et la consolidation de la république, seule forme de gouvernement compatible avec les droits du peuple et le développement régulier et libre de la société ; L’autonomie absolue de la Commune étendue à toutes les localités de la France, et assurant à chacune l’intégralité de ses droits, et à tout Français le plein exercice de ses facultés et de ses aptitudes, comme homme, citoyen et travailleur ; L’autonomie de la Commune n’aura pour limites que le droit d’autonomie égal pour toutes les autres communes adhérentes au contrat, dont l’association doit assurer l’unité française. »
La conférence tentera d’analyser les origines, les sources d’une telle position (de circonstances ? de principe ? …) et les débats et questions concrètes qui se sont posées lors de la révolution sur ce sujet.
Chantal CHAMPET, vice-présidente de l’ALPMR13 (Association pour la Mémoire Républicaine dans les Bouches-du-Rhône) :
« Les libres penseurs marseillais et la République sociale » (1868-1871) »
A la fin du Second Empire, les libres penseurs marseillais forment une des associations contestataires les plus actives de la ville. Pour la plupart d’entre eux, acquis aux idées révolutionnaires, la lutte ne se limite pas à la laïcité et au droit aux enterrements civils mais inclut la question sociale. Très investis dans le combat politique et l’éducation populaire, ils collaborent efficacement avec les autres groupes progressistes de la ville ou en sont des membres dynamiques. Avec eux ils participent à l’organisation de réunions d’information, de débats politiques, à la création de cours et écoles. La révolution du 4 septembre 1870 est pour eux l’occasion de voir se réaliser leur idéal républicain. Déçus, ils seront nombreux à participer au mouvement communaliste. Le parcours de quelques-uns de leurs animateurs illustre ces engagements et ces combats
Bernard REGAUDIAT, secrétaire de l’association PROMEMO (Provence Mémoire Ouvrière, association de recherche historique,
Maison méditerranéenne des Sciences, de l’Homme, Aix-en-Provence)
« Le mouvement ouvrier et la République : des relations compliquées »
En septembre 1870, après plusieurs tentatives avortées, le cadre républicain impose, dans l’improvisation, ses règles à l’expression des conflits pour éviter qu’ils ne fracturent l’unité du pays. La mystique républicaine des décennies précédentes peut s’en trouver rabougrie et les acteurs qui en étaient porteurs peuvent être déçus. À Marseille et dans les Bouches-du-Rhône, le mouvement ouvrier, après l’expérience communarde locale, est partagé entre le désir de se couler dans ce cadre, balisé par une bureaucratie centralisatrice et la démocratie parlementaire, pour faire avancer les conquêtes sociales, et la volonté de le contester au nom de l’autonomie communale, du fédéralisme, de la démocratie directe ou de l’internationalisme, considérés comme les conditions de la réalisation de ces mêmes conquêtes sociales. Obligé de s’allier aux fractions de la bourgeoisie pour empêcher le retour du monarchisme, le mouvement ouvrier subit la répression jusqu’à ce que s’impose la République. Lorsque son renouveau se confirme à la fin des années 1870, le mouvement ouvrier se rallie partiellement au modèle républicain, tel que le définit la III° République : mais anarchistes et syndicalistes révolutionnaires jouent leur propre partition. 1914 tranche en faveur de l’Union sacrée. »
Jean-Marc SCHIAPPA, président de l’IRELP (Institut de Recherches et d’Etudes de la Libre Pensée)
« La liberté de conscience et la République«
Si la liberté de conscience est une notion fondamentale dans la République, il faut considérer que cette notion en tant que telle apparait tardivement. Elle surgit dans un texte à vocation législative dans le décret de séparation de la Commune de Paris en 1871 avant d’être établie de manière pérenne dans la loi du 9 décembre 1905. Or cette notion ne figure pas dans les textes révolutionnaires, même si, en filigrane, elle est contenue dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen de 1789. Il nous semble nécessaire de revenir sur quelques éléments historiques à ce propos pour mieux souligner qu’une liberté n’est pas acquise une fois pour toutes et que les formes d’exercice, donc de limitation éventuelle, de cette liberté conditionnent en fait cette pleine liberté.