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dsc_0184.jpgFontvieille : Conférence Débat sur la statue de la République

Avec Michel Vovelle et Jean Marc Schiappa

Une assistance très nombreuse

À l’occasion de la réfection de la place de l’église de Fontvieille, le groupe Gracchus Babeuf et la fédération départementale de la Libre Pensée ont souhaité, avec le soutien de M. le Maire de Fontvieille, mettre la lumière sur la statue de Marianne qui en fait l’ornement.

tete_de_veau_2012_015-2.jpg Le 13 octobre, en présence du maire et membres de son conseil municipal et de 130 personnes venues de tout le département, du Var et des Alpes de Haute-Provence, une conférence débat s’est tenue dans l’agréable salle polyvalente de Fontvieille.

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Michel Vovelle :

[*Des représentations de la République à la Marianne de Fontvieille*]

dsc_0181.jpgAprès une brève introduction de Michel Garin, le professeur Michel Vovelle, professeur émérite de l’université Paris 1, citant Maurice Agulhon, a présenté une brève histoire des représentations de Marianne et de la République et nous a livré une très intéressante analyse des journées révolutionnaires fondatrices de la République et du choix très symbolique des dates qui figurent sur le socle de la statue.

[*Autre symbole, la localisation de la statue face à l’église…*]

Des deux figures de Marianne, la bourgeoise sage, couronnée de laurier ou de céréales ou la combattante, sur la barricade, coiffée du bonnet phrygien, un sein nu, et brandissant un rameau de laurier, c’est cette dernière qui a été choisie à Fontvieille

Le socle de la statue : une leçon d’Histoire

[*Une des faces du socle est à la gloire de la République : 1789-1889.*]

Le choix des dates inscrites sur les cotés traduisent le souci pédagogique de la municipalité d’inscrire les valeurs de la République dans l’histoire et assurer sa légitimité à travers les grandes dates des journées révolutionnaires. Plusieurs possibilités s’offraient parmi ces dates : les unes, plus consensuelles, pouvaient être acceptées par le plus grand nombre, d’autres étaient plus « politiques » et plus controversées. D’autres enfin malgré leur importance, ont suscité peu d’échos comme la nuit du 4 août qui semble moins « révolutionnaire » du fait que l’abolition des privilèges semble plus octroyée que conquise.

1789.jpg[*Sur un coté : 1789, 5 mai, 20 juin, 14 juillet.*]

Durant la première journée, le Tiers-Etat fait émerger sa revendication après l’humiliant défilé inaugural de la veille. Le 20 juin, Serment du Jeu de Paume : geste fondateur d’une révolution qui apparaît comme venue d’en haut.

14 juillet, puissamment imprimé dans les consciences comme la Liberté tirée du cachot par le peuple. Le choix de cette date de préférence au 14 juillet 1790 est fortement symbolique

1792.jpg[*De l’autre coté: 1792, 10 août, 21 septembre*]

Le 10 août, date beaucoup plus controversée, signe la mort de la monarchie: le peuple de Paris, allié aux fédérés s’empare des Tuileries et contraint la famille royale à se réfugier à l’Assemblée Nationale. Dans une situation très critique, c’est la jonction des faubourgs parisiens qui donne la journée à la Révolution.

21 septembre : indissociable du 20 septembre, c’est la concordance de la bataille de Valmy et de la proclamation de la République. La convention, réunie ce même jour, fait émerger une idée jusque là sous-jacente, l’idée de la république, concrétisée par la décision que le « sceau de justice sera celui de la République ».

Pour beaucoup, c’est là que s’arrête la Révolution. Par commodité, pour éviter les vagues, on oublie les journées révolutionnaires suivantes, comme l’a été celle du 4 août 1789. Les prochaines dates célébrées seront Arcole, Rivoli, et toutes les « journées » guerrières de l’Empire.

La célébration du bicentenaire a été limitée à 1789, comme si les dates suivantes n’étaient pas assez consensuelles pour être célébrées.

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Jean Marc Schiappa :

[*Qu’est ce que la République ?*]

Jean-Marc Schiappa, président de l’Institut de Recherches et d’études de la Libre Pensée, est ensuite brillamment intervenu sur le sens de la République et ses valeurs.

Définissant la République comme la chose dans laquelle tous se reconnaissent, il a évoqué la devise qui en est indissociable « Liberté, égalité, fraternité », ainsi que l’indivisibilité, fondant l’appartenance à la seule communauté nationale.

Il a relié l’instauration de cette République à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui, proclamant l’égalité de droits, rejette le droit à la différence et donc à la différence des droits, qui caractérisaient l’Ancien Régime et ses privilèges, abolis la nuit du 4 août dans un grand mouvement qui rendit caduques toutes les institutions antérieures.

La République ne doit pas n’être qu’un mot, un terme qui contiendrait tout. Jean-Marc SCHIAPPA cite l’exemple de la République de Venise, qui n’était qu’une oligarchie tyrannique et conclut (ou presque) sur une citation de Robespierre : « J’aime mieux une assemblée représentative délibérant librement avec un roi, qu’un peuple avili sous le règne d’un sénat aristocratique et d’un dictateur… Est-ce dans les mots de République et de monarchie, que réside la solution du grand problème social ? ». S’il ne prononce pas le mot de « démocratie » on le trouve plus tard dans la bouche de Gracchus Babeuf.

Mireille Massot

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