2012 Contribution à la question à l’étude  » Quel mandat, quelle action, quelle attitude, pour un Elu de la République qui se veut fidèle à la laïcité de l’Ecole et de l’Etat ? »

Nos camarades de la Fédération de l’Eure, dans le cadre de notre Question à l’étude, nous ont transmis leur « Code de bonne conduite républicaine », qui constitue une importante contribution.

Dans celui-ci toute une partie porte sur « Quelques initiatives souhaitables pour développer tout le sens de la laïcité »
Vous trouverez cette partie de leur contribution en pièce jointe.

Comme ils le disent eux-mêmes en conclusion :
Ce code ne demande qu’à être enrichi des connaissances, des pratiques et des initiatives de toutes celles et de tous ceux qui œuvrent pour réaliser les idéaux et les principes républicains.
Nous attendons leurs contributions !

La commission de la Fédération de la Gironde sur la question à l’étude a donc décidé de vous solliciter. Lisez, commentez, complétez !

Nous comptons en conséquence sur vos avis et commentaires.

Plantation d’un arbre de la liberté de conscience

Au temps de la révolution française, la plantation d’arbres de la liberté connut un grand engouement dans les communes et leurs hameaux (en 1794, plus de 60000 auraient été recensées). Ces arbres symbolisaient l’avènement de libertés nouvelles. Leur plantation donnaient lieu à des réjouissances, des discours étaient prononcés, des strophes patriotiques étaient débitées, puis la cérémonie s’achevait par des danses et un banquet.

Aujourd’hui, les municipalités pourraient utilement renouer avec cette pratique de nos anciens, en décidant de planter un « Arbre de la liberté de conscience ». Dans «Le jardin républicain » c’est le cerisier (Prunus cerasus) qui symbolise la liberté de conscience.

Instaurer des journées de la laïcité

En ces temps où la laïcité de la république souffre d’être encore méconnue, ainsi que souvent mal interprétée, voire bafouée, instaurer des journées de la laïcité à des occasions propices s’impose à tous les républicains.

Ainsi, la laïcité, pour le moins, sortirait de sa banalisation destructrice.

Participer à l’instruction civique

L’instruction civique reste au centre de toute la construction des comportements républicains et, par voie de conséquence, du bon fonctionnement des institutions de la république.

Se larmoyer sur l’engagement insuffisant des concitoyennes et des concitoyens dans la vie de la cité, n’est pas une solution, c’est la pire !

Aussi, en prolongement des cours d’instruction civique dispensés au sein de l’enseignement scolaire, tous les élus et les représentants de l’Etat devraient redoubler d’initiatives en la matière.

Organiser des visites, entre autres, de la mairie (la maison commune) pour expliquer son rôle et son fonctionnement s’avèrerait, pour le moins, productif de prise de conscience.

De même que d’inciter les concitoyennes et les concitoyens à être présents aux réunions du Conseil municipal, participerait à les éveiller et à les impliquer dans la chose publique.

D’insérer dans tous les bulletins municipaux des textes sur le civisme (droits et devoirs), sur les valeurs et principes de la république (Liberté, égalité, fraternité et laïcité), ainsi que sur l’histoire de la république française au plan national comme local, y concourait tout autant.

Mille choses à portée de la main sont à faire !

Ouvrir un concours de créations artistiques mettant en valeur la devise de la république

Partant du constat que seules 11 mairies de communes chefs lieu de canton sur 35 portent sur leur fronton Liberté Egalité Fraternité, le Conseil général de l’Eure pourrait, chaque année, ouvrir un concours qui récompenserait, par des prix, les communes porteuses des plus belles créations artistiques de mise en valeur de ces principes républicains. Les enfants des écoles et les administrés pourraient être associés à la création et à l’étude des projets. Les communes présentant des projets incluant Laïcité à Liberté Egalité Fraternité pourraient être particulièrement distinguées ainsi que celles qui s’engageraient à faire figurer ces quatre principes républicains sur l’ensemble de leurs bâtiments communaux.

Défendre et promouvoir l’enseignement public

Au moment, où l’enseignement public est en voie d’asphyxie par la suppression massive de postes d’enseignants et, conjointement, par la diminution des heures de cours de matières fondamentales, tous les républicains doivent se mobiliser pour le défendre et le promouvoir.

Les conseillers municipaux, les conseillers généraux, les conseillers régionaux, les députés et les sénateurs s’affirmant républicains, devraient être mobilisés comme un seul homme, aux avant-postes, pour s’opposer à la mise à mal de l’école de la République.

Il en va non seulement de l’avenir du pays et des français, mais aussi de la paix civile.

En effet, être un fervent partisan de l’enseignement public, c’est être tout autant fervent partisan de la laïcité, qui, seule, est capable d’éviter le communautarisme porteur d’affrontements imbéciles et dangereux.

Participer à défendre et à promouvoir l’enseignement public, c’est participer, à préparer les jeunes à la construction de leur libre conscience par l’acquisition de connaissances, ce n’est donc pas, de près ou de loin, favoriser l’enseignement confessionnel.

Initier la tenue de banquets républicains

Le 22 septembre 1900, 29695 maires autour du Président de la République, participèrent au banquet républicain se déroulant au Jardin des Tuileries, pour célébrer l’anniversaire de la proclamation de la République.

En ce début de troisième millénaire, plus modestement, mais non moins utilement, il serait bien de favoriser la réunion de concitoyennes et de concitoyens par un banquet républicain pour, tout simplement, mettre en application les principes fondamentaux de la République française : liberté, égalité, fraternité et laïcité.

En effet, banqueter de façon républicaine, c’est non seulement une manifestation de la liberté de se réunir, mais aussi l’expression de l’égalité et de la fraternité entre les convives, qui ne pourraient s’exprimer pleinement sans la liberté de conscience de chacun, garantie par la laïcité institutionnelle de la république française.

Sans oublier, bien sûr, le plaisir de faire bonne chère.

Promouvoir le parrainage civil

Le parrainage civil remonte à la loi du 2 prairial de l’an II (8 juin 1794), il s’agit donc, sans conteste, d’un acte républicain.

Le remettre d’actualité participerait à l’apprentissage des principes républicains et à l’engagement dans la vie de la cité, tant des plus jeunes que des accédant à la nationalité française.

Ce n’est pas parce qu’aucune loi ne le prévoit, que les municipalités ne doivent pas le pratiquer, d’autant qu’elles sont autorisées à le célébrer ainsi qu’à tenir un registre spécifique.

Les explications sur la laïcité qui seraient apportées à cette occasion, prépareraient grandement les intéressés au respect mutuel dans la société, en faisant reculer le communautarisme stupide et dangereux qui menace toujours.

Honorer les illustres figures ayant participé à la construction et à la défense de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État

Combien d’écoles, de collèges, de lycées, de rues, d’institutions publiques portent le nom d’une figure illustre ayant participé à la construction de la loi de 1905 ?

Des milliers !

Combien de concitoyennes et de concitoyens seraient en mesure d’associer ces figures à loi sur la laïcité ?

La probable réponse fait peur !

Il y a, dans ce domaine, un fantastique et intéressant travail de vulgarisation, à réaliser dans toutes les communes, afin de faire revivre, entre autres, les combats pour la laïcité de : Victor Hugo, Littré, François-Vincent Raspail, Paul Bert, Ferdinand Buisson, Aristide Briand, Auguste Blanqui, Clemenceau, Emile Zola, Romain Rolland, Victor Basch, Edouard Herriot, Anatole France, Jean Jaurès, Bertrand Russel, Jean Rostand, Jules Ferry, etc.

La République française a tout à y gagner

Permettre le déroulement d’obsèques civiles dans un lieu public

Hormis que trop peu de concitoyennes et de concitoyens savent qu’ils peuvent organiser des obsèques civiles, ils n’existent pas suffisamment de municipalités qui mettent à disposition une salle communale pour les célébrer. Ce sont les différents services commerciaux de pompes funèbres qui proposent, dans la plupart des cas, l’utilisation de leur salle privée contre rétribution spécifique ou forfaitaire.

Or, opter pour des obsèques civiles c’est faire le choix, non seulement de refuser le passage par des rites religieux, mais aussi et surtout de manifester son attachement à la République laïque.

Dans l’Eure, à notre connaissance, les communes suivantes mettent gratuitement à la disposition de leurs administrés une salle pour se rassembler lors d’obsèques civiles : (…)

Il en faudra bien d’autres pour répondre aux 45% de Français qui souhaitent, aujourd’hui, des obsèques civiles, contre 25% en 2008 (Sondage Ifop août 2010).

Certaines municipalités sont réticentes à la présence d’un cercueil dans une salle polyvalente. L’appréhenderaient-elles de la même manière s’il s’agissait de mettre en place une Chapelle ardente dans un gymnase ou dans une salle communale… Nous les encourageons à poursuivre leur réflexion.

Refuser, au nom de l’égalité républicaine, la création de carrés confessionnels dans les cimetières.

Des municipalités, croyant bien faire, envisagent d’ouvrir des carrés confessionnels dans leur cimetière. S’orienter dans ce sens serait participer à promouvoir le communautarisme, au détriment du principe républicain d’égalité. Sous le concordat de 1801, des divisions confessionnelles ont été créées dans les nécropoles communales. La gestion de ces carrés confessionnels s’est avérée désastreuse. Compte tenu des enseignements de l’Histoire, la loi du 14 novembre 1881 les a interdits. Les projets de création de carrés confessionnels ne sauraient donc être regardés comme de simples aménagements techniques. Aussi, ils doivent être abandonnés, tant pour ne pas remettre en cause le principe de laïcité des institutions républicaines que pour assurer la paix civile en général et, en particulier, dans le domaine de la mort.

Respecter la loi lors de la création d’un nouveau cimetière

La création de nouveaux cimetières s’avèrent nécessaires dans plusieurs communes. Aussi il est utile de rappeler que depuis la loi du 9 décembre 1905 (article 28) « Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions. ». Les communes doivent donc veiller tout particulièrement à ne pas laisser installer des signes religieux sur les portails et/ou dans l’enceinte des cimetières.

Conclusion

Ce code ne demande qu’à être enrichi des connaissances, des pratiques et des initiatives de toutes celles et de tous ceux qui œuvrent pour réaliser les idéaux et les principes républicains.

Nous attendons leurs contributions !