Débaptisations : un cas pour une cause.
En direct avec Thomas Bores
Débaptisations :
un cas pour une cause.
Dans
le cadre de la campagne « Un cas pour une
cause », vous
avez été appelés à soutenir financièrement les actions en justice pour
obtenir
que la jurisprudence évolue et que l’on puisse enfin se faire radier
sans
laisser de traces dans les registres de baptême de l’Église catholique.
Quels
sont les enjeux ?
Un
cas qui vient de trouver son aboutissement vient
nous le rappeler
Thomas Bores, jeune ingénieur
informaticien
français, s’installe en famille à Berlin en 2013. Il reçoit les papiers
de
l’administration pour les impôts et les remplit. Sur ceux qui
concernent le Kirchensteuer, l’impôt d’Église, il
indique qu’il n’est pas croyant, donc pas concerné. En 2015, il reçoit
pourtant
un impôt d’Église de plusieurs centaines d’euros à payer. Le
prélèvement est
opéré sur son salaire. Il se renseigne : il doit y avoir
erreur ?
Mais non, l’administration de l’archidiocèse de Berlin a tout
simplement
demandé au diocèse de son lieu de naissance, en France, son certificat
de
baptême et l’a obtenu.
Devant
cette communication internationale de données personnelles sensibles
par la
machinerie de l’Église catholique, Thomas se rebelle, alerte la Libre Pensée, les libres penseurs
allemands et la presse. L’administration fiscale de l’Église allemande
résiste :
il aurait dû, dans ce cas, faire une procédure particulière, car il
était, par
son baptême, membre de l’Église catholique romaine.
Après
divers contacts, Thomas confie son dossier à la Giordano
Bruno Stiftung, une fondation qui a réuni un collectif
d’avocats et prend en charge sa défense devant les tribunaux berlinois.
En
janvier 2020 l’affaire n’est toujours pas jugée. Il y a pourtant un
dénouement.
Un tribunal supérieur de Berlin vient de juger un cas comparable, mais
qui
concerne non pas un Français, mais un ex-Allemand de l’Est.
L’archidiocèse de
Berlin décide donc, pour éviter une réprobation publique sur ce trafic
international
de données personnelles, de se désister et de rembourser Thomas.
Où
en sommes-nous en France ?
Voilà
donc les mœurs de l’Église catholique romaine. Et cette même Église a
obtenu de
la Cour de Cassation qu’en France,
avec le droit applicable en 2014, elle puisse conserver la gestion de
ces
données personnelles (affaire Lebouvier).
Cependant, depuis 2014 la loi
Informatique et Libertés a évolué du fait de l’adoption d’un
règlement
européen sur la protection des données, le RGPD,
ce qui a nécessité la modification de la « loi
informatique et libertés » du 6 janvier 1978 et de ses
modalités d’application. La Libre Pensée a reçu des dizaines de
dossiers de
demande de « débaptisation »,
notamment suite aux crimes sexuels commis par des prêtres et couverts
par les
évêques, et en a choisi un pour le soutenir jusqu’au bout et en faire
profiter
tous les autres. C’est « Un cas pour une
cause ». Nous
le faisons dans la discrétion, mais avec tous les conseils nécessaires.
Nous
avons, en effet, face à nous l’énorme machine internationale de
l’Église
romaine et ses ramifications dans l’appareil d’État.
Ces
conseils nous ont déjà permis de mettre en évidence les contradictions
de la
position de l’évêché concerné et le fossé qui existe entre les
garanties qu’il
prétend constituer et la situation réelle des données personnelles
conservées.
L’affaire est désormais, comme beaucoup d’autres, devant la CNIL.
Nous
continuons à travailler sur ce cas et sur d’autres pour faire face à
toutes les
éventualités au-delà de la plainte déposée. Cela nous a conduits à
multiplier
les contacts internationaux, en particulier en Allemagne et en Italie
et à
commencer à regrouper les avocats et juristes intéressés.
L’affaire
est en cours, mais il nous faut le budget.
Nous
vous donnerons régulièrement des nouvelles. Donnez-nous, si vous le
pouvez, les
moyens de continuer.
Notre
siège est pour l’heure fermé et nous ne savons pas quand il pourra
rouvrir,
mais vos mails (et vos virements!) nous atteignent.
Bien
cordialement
La
commission Droit et Laïcité de la
Libre Pensée
▲
En
direct avec Thomas Bores
La Libre Pensée : Thomas Bores,
est-ce que vous
pourriez vous présenter rapidement, et dire dans quelles circonstances
vous
avez été amené à rencontrer la Libre Pensée française et nos amis de
l’IBKA
(Allemagne)
Thomas Bores :
Je suis Ingénieur français, ainsi que père de deux enfants (non
baptisés, la
précision est importante), installé à Berlin depuis 2013. J’ai eu la
chance
d’être soutenu par la Libre Pensée,
l’IBKA et la Giordano Bruno Stifung,
suite à l’affaire me concernant qui s’est déroulé début 2015 et que
j’ai rendue
publique sur mon blog. En janvier 2015 l’Église catholique allemande
s’est
servie sur mon salaire pour me prélever un soi-disant arriéré d’impôt
sur le
culte.
LP : Comment votre inscription
sur les
rôles de l’impôt de l’Église catholique du Land de Berlin
s’est-elle produite « à l’insu de
votre plein gré » ?
TB :
Le diocèse de Berlin s’est procuré mon certificat de baptême après
simple
demande au diocèse de baptême français. En Allemagne, le baptême fait
office
« d’inscription » à l’Église
catholique. Je me suis donc retrouvé à mon insu assujetti à l’impôt sur
le
culte catholique.
LP : Pouvez-vous nous faire un
résumé des
diverses étapes de la procédure que vous avez engagée avec l’institut
Giordano
Bruno, en commençant par indiquer brièvement à nos lecteurs ce qu’est
cette
association ?
TB :
La Fondation Giordano Bruno est une
fondation à but non lucratif allemande. Elle a été fondée en 2004 et
prit son
nom de Giordano Bruno, qui fut condamné pour hérésie et brûlé vif sur
ordre de
l’Église catholique romaine en 1600. La fondation milite pour une
séparation
entre l’Etat et l’Eglise en Allemagne. Elle soutient et finance les cas
similaires au mien et dont les intéressés sont prêts à aller se battre
au
tribunal. Dans mon cas, ils m’ont fourni et financé des avocats. Il va
sans
dire que je leur ai fait don de l’argent que j’ai pu récupérer grâce à
eux,
pour les soutenir.
LP : Peut-on
dire que vous êtes pleinement satisfait du résultat ? Y a-t-il
reconnaissance judiciaire du viol par les autorités ecclésiales
berlinoises des
règles de l’échange transfrontalier des données personnelles entre
diocèses
français et allemand ?
TB : Malheureusement
le diocèse de Berlin, après cinq ans d’attente interminable que
l’affaire soit
jugée, a spontanément décidé de ne plus aller devant le tribunal et de
me
rembourser. D’après mes avocats, ce serait dû à un jugement similaire
d’un
ex-allemand de l’Est, au mois de décembre 2019, que l’Eglise a gagné
mais qui
lui a fait très mauvaise presse, y compris en interne. C’est donc une
demi
victoire : l’Eglise certes me rembourse, mais nous coupe l’herbe
sous le
pied et ne nous permettra pas de faire jurisprudence, c’est très
stratégique de
leur part.
LP : Comment
expliquez-vous la manœuvre de l’Eglise catholique : a-t-elle pour
but de
protéger la pratique suggérée à la fin d’un questionnaire sur la
religion,
apparemment diligentée par les Eglises sous le contrôle de l’Etat (ou
l’inverse) ?
TB : Je pense
qu’avant tout l’Eglise veut éviter toute mauvaise presse, surtout que
mon cas
en 2015 avait été très documenté par la presse étrangère, j’avais même
trouvé
un article en vietnamien sur mon cas. La pratique du questionnaire sur
la
religion continue et continuera vraisemblablement encore à l’avenir.
Pour le
moment, l’État allemand n’y trouve rien à redire.
LPR : Il semble
que la pratique soit différente d’un Land à l’autre. À quoi est-ce lié
à votre
avis ? Aux activités économiques et sociales exercées par Caritas et Diakonie
pour éviter au Länder de les inclure dans
leur propre budget ?
TB : Je ne peux
répondre à cette question, je ne suis pas assez au fait de la chose.
LR : Avez-vous
quelque chose à ajouter ?
TB :
Merci à
la Libre Pensée et tout particulièrement à Claude
Singer et Heinke Först de
m’avoir soutenu dans ce moment très délicat de ma vie en 2015 et qui
m’ont
donné le courage d’aller jusqu’au bout.
(Propos
recueillis par Claude Singer)
▲
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de soutien à l’action en justice de la Libre
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saint-Jacques 75005 Paris.
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