Lettre ouverte à mesdames , messieurs les conseillers municipaux de la ville de Marseille : financement rénovation de Notre Dame de la Garde.

Conseil Municipal de Marseille
Hôtel de Ville
Place Daviel
13233 Marseille Cedex 20
Objet : subvention à
Notre Dame de la Garde
Monsieur
le Maire,
Mesdames et messieurs les conseillers municipaux.
Dans
un communiqué de presse diffusé sur le site de la Mairie de Marseille
le
30/01/2025, le Maire de Marseille, monsieur Benoît Payan annonce que
« la
Ville de Marseille soutiendra financièrement le programme de rénovation
de
Notre-Dame de la Garde. ».
Cette
annonce d’une décision prise avant la réunion du conseil municipal qui
doit se
tenir le 28 février, s’appuie sur un argumentaire qui présente
plusieurs
inexactitudes, et omissions qui pourraient induire en erreur ceux des
conseillers municipaux, insuffisamment informés de la situation
particulière de
la basilique et du contenu de la Loi de 1905 de séparation des cultes
et de
l’État, qui ne verraient là qu’une obligation de la Ville.
D’une
part, le projet de financement de 300 000 € pour « les travaux
de
rénovation et de mise en sécurité des espaces accessibles au public (…)
sauvegarde de la terrasse des 4 anges ainsi que
la consolidation des
terrasses basses. », est présenté comme
« s’inscrivant dans le
cadre de la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État »,
sans
autre précision, ce qui pourrait laisser penser qu’il existe une
obligation à
financer ces travaux.
D’autre
part, le communiqué indique plus loin: « La Ville de Marseille
rappelle
qu’elle a engagé un plan global de rénovation de ses
édifices
cultuels (…), ce qui met d’emblée sur un plan d’égalité les
édifices
cultuels sans distinguer ceux qui sont propriétés de la commune pour
lesquelles
la commune est tenue des grosses réparations, et ceux qui appartiennent
aux
associations cultuelles. Or, il se trouve que la basilique « Notre
dame de
la Garde » est la propriété du Diocèse et ne fait donc pas l’objet
d’une
obligation, contrairement aux édifices cultuels qui appartiennent à la
Ville.
En
effet, rien dans la loi de 1905 n’oblige les communes à financer la
remise en
état des lieux de cultes qui ne leur appartiennent pas, sauf lorsque ce
sont
des monuments classés, ce qui n’est pas le cas de « Notre Dame de
la
Garde »
Le
seul élément de la Loi de 1905 qui pourrait ouvrir la possibilité d’un
tel
financement sans le rendre obligatoire, est l’article 19-2 tel
qu’il a
été modifié par Pétain sous le régime de Vichy, par sa loi n°
1114 du
25 décembre 1942, jamais abrogée.
L’article
19 initial, voté en 1905, stipulait : « Elles [les
associations
pour l’exercice des cultes] ne pourront, sous quelque forme que ce
soit,
recevoir des subventions de l’État, des départements ou des communes.
Ne sont
pas considérées comme subventions les sommes allouées pour réparations
aux
monuments classés ».
Il
a donc été modifié en 1942 par le nouvel article 19-2, que tous les
laïques
attachés à la République condamnent : « Elles ne pourront, sous
quelque
forme que ce soit, recevoir des subventions de l’État, des départements
et des
communes. Ne sont pas considérées comme subventions les sommes allouées
pour
réparations aux édifices affectés au culte public, qu’ils soient ou non
classés
monuments historiques ”
Cette
rédaction de l’article, est contraire à l’esprit de la loi de
Séparation des
cultes et de l’État, à la laïcité.
Financer
ou ne pas financer les travaux des lieux de cultes qui ne leur
appartiennent
pas en s’appuyant sur une loi pétainiste relève du choix politique des
conseils
municipaux.
Ainsi
la précédente municipalité de Monsieur Gaudin, qui avait fait ce choix
politique
d’assurer des privilèges à l’église catholique par de multiples
soutiens et
subventions, avait financé en 2000 les travaux de rénovation de
« Notre
Dame de la Garde ».
Monsieur
le maire, mesdames et messieurs les conseillers municipaux,
Le conseil municipal utilisera-t-il, dans la lignée de la municipalité
Gaudin,
la brèche anti-laïque ouverte le 24 décembre 1942 par
l’ex-Maréchal
Pétain, frappé d’Indignité Nationale, dont le régime antisémite et
xénophobe a
collaboré avec l’occupant nazi, pour approuver la subvention annoncée
publiquement avant la tenue du conseil municipal ?
Choisira-t-il
le camp de la loi de Séparation des cultes et de l’État votée le 9
décembre
1905, se réservant ainsi la possibilité d’affecter les crédits
correspondants
aux besoins les plus essentiels et urgents de la population
marseillaise ?
Nous
restons à votre disposition pour approfondir, si vous le souhaitez, ces
importantes questions relatives à l’application de la Loi de 1905.
Monsieur
le Maire, mesdames et messieurs les conseillers municipaux,
Recevez l’expression de notre attachement à la séparation des cultes et
de l’État,
la laïcité, condition indispensable de la liberté de conscience
des
citoyens.
Pour
le Bureau Fédéral, le président,
Henri Huille