Lettre ouverte aux conseillers municipaux de la Ville de Marseille

Objet : Messe et vœu des Échevins 2022

Monsieur le maire de Marseille,

Mesdames et messieurs les adjoints au maire

Mesdames et messieurs les conseillers municipaux

 

La précédente majorité municipale s’est sans cesse appuyé sur les représentants des cultes, celui de l’archevêché en particulier, pour promouvoir et financer le « dialogue inter-religieux » comme outil de gouvernance. Laissant de côté des éléments essentiels à la vie des citoyens : école et logement en tout premier lieu.

Une des manifestations, au plus haut point symbolique, en fut la participation, année après année, à la cérémonie dite du « Vœu des Échevins », où il s’agit, pour les élus municipaux en particulier, de faire allégeance à la hiérarchie catholique et ses dogmes. Se plaçant ainsi en contradiction avec la loi républicaine de Séparation des Cultes et de l’Etat.

Cette tradition, ou plus exactement cette utilisation d’une pratique religieuse d’Ancien Régime, n’a rien à voir, ni de près ni de loin, avec la République.

On sait dans quelles conditions en 1720 la peste ravage la ville, apportée par le navire le Grand Saint Antoine. En 1722 de nouveaux cas de peste apparaissent et Monseigneur de Belsunce demande aux échevins de faire « au nom de la ville, un vœu capable de désarmer le bras vengeur qui paraît se lever sur nous ».

Sous l’Ancien Régime, les échevins sont le plus souvent choisis par le grand seigneur local et parfois désignés par les riches bourgeois.

La Révolution française de 1789 a aboli les échevins. C’est en 1943 que « l’Etat Français » de Philippe Pétain a rétabli la cérémonie du « vœux des échevins ».

Aujourd’hui, les membres des conseils municipaux, comme vous le savez, détiennent leur mandat du vote des citoyens et citoyennes et non de la décision d’une quelconque aristocratie. Ils ne sont plus des échevins, des baillis, des sénéchaux, des capitouls … mais des élus municipaux.

Depuis la loi du 9 décembre 1905 qui a institué la laïcité, il n’y a plus de religion officielle. Chaque citoyen est libre de croire d’une façon ou d’une autre, de ne pas croire, de se désintéresser des questions métaphysiques et n’est redevable devant personne de sa vie intérieure. C’est la liberté de conscience. On ne voit pas au nom de quoi une municipalité devrait être enrôlée sous une bannière religieuse.

Nous avons donc l’honneur de rappeler publiquement que chaque élu est libre, comme tout un chacun, de participer au culte de son choix à titre personnel. C’est à dire en n’arborant ni son écharpe ni ses titres d’élus. Ceci afin de ne pas impliquer sur le terrain religieux la commune dont les habitants ont des options très diverses et toutes aussi respectables en matière de religion.

Chaque citoyen, qui n’est pas nécessairement un paroissien, est tout à fait libre d’avoir sa propre appréciation de ce qui est « capable de désarmer le bras vengeur qui paraît se lever sur nous ».

La Libre Pensée est attachée à la loi de Séparation des Églises et de l’État du 9 décembre 1905. Elle se prononce pour sa défense inconditionnelle dans sa lettre et dans son esprit.

Nous restons à votre disposition pour être reçus en audience afin de pouvoir échanger plus largement avec vous sur les sujets évoqués dans ce courrier.

Recevez, Monsieur le Maire, Mesdames et messieurs les adjoints, Mesdames et messieurs les conseillers municipaux l’expression de nos salutations respectueuses.et de notre attachement à la République laïque.

Marseille, le 08 juin 2022

 

p/° le Bureau Fédéral de la FDLP 13

Le président